Demande pour un cadre social de lutte contre le racisme et l’oppression

Transformation du système de justice pénale :

Demande pour un cadre social de lutte contre le racisme et l’oppression

 

Un policier blanc faisant pression sur le cou d’un homme noir avec son genou est une image puissante de la répression violente qu’exerce l’État sur certains de ses citoyens. Les incidents de violence policière captés sur vidéo font augmenter le nombre de voix qui s’élèvent pour revendiquer un changement social profond à Hamilton, au Canada et dans le monde entier. Nous y joignons nos voix car nous partageons la douleur et la frustration que ressentent les communautés face à cet abus. Le Canada a été fondé sur un principe d’injustice raciale et a longtemps refusé de reconnaître que le racisme y prolifère. Enfin, les leaders gouvernementaux et institutionnels ont admis l’existence du racisme systémique, et une large coalition de gens et d’organisations demandent maintenant l’abolition des iniquités structurelles. Nous demandons également la mise en œuvre d’un cadre de lutte contre le racisme et l’oppression pour soutenir ce changement social.

Les cliniques juridiques communautaires travaillent avec les personnes et les communautés à faible revenu de Hamilton depuis plus de 40 ans. Notre expérience nous a appris que la pauvreté marginalise les personnes dans toutes les facettes de leur vie et qu’elle est un déterminant social clé en matière de santé et d’inclusion. Nous savons que les personnes autochtones, noires, racialisées, s’identifiant comme femmes, en situation de handicap (y compris mental), membres des communautés 2S et LGBTQIAPGNC et les nouveaux arrivants sont, de façon disproportionnée, en situation de pauvreté.

À titre d’organisme grand public financé par l’État, nous jetons un regard critique sur la manière dont nous contribuons à la perpétuation de la colonisation, et du racisme et de l’oppression systémiques. Il s’agit d’un processus inconfortable et troublant qui exige honnêteté, éducation, écoute, réflexion et empathie. Il requiert une compréhension approfondie de l’histoire et de la réalité actuelle de la suprématie blanche et de la façon dont le privilège influe positivement ou négativement sur la vie des gens. Ce processus est aussi inspirant et motivant. Nous avons amorcé un parcours pour élaborer et mettre en place un solide plan de lutte contre le racisme et l’oppression. Il s’agit d’un cadre pour toutes les activités liées à la prise de décisions, à la prestation de services, à la mobilisation communautaire, à l’élaboration de politiques, aux ressources humaines et aux interactions personnelles.

Ce même cadre de lutte contre le racisme et l’oppression doit être utilisé pour transformer le système de justice pénale. Il influencerait toutes les décisions requises pour concevoir des lois, des procédures, des structures, des institutions et des processus, y compris les mesures de gouvernance, de surveillance et de responsabilisation. Il désignerait diverses personnes comme architectes du changement et donnerait plus de voix à ceux qui, historiquement, ont été privés de pouvoir et réduits au silence. Il reconnaîtrait que les corps policiers font partie d’un système plus large financé et exploité par l’État qui doit être entièrement repensé.

La Clinique juridique communautaire de Hamilton soutient la transformation du système de justice pénale, y compris les investissements dans la décriminalisation, le désarmement, la démilitarisation et les solutions de remplacement pour le maintien de l’ordre. Nous appuyons la réaffectation des ressources aux services de soutien communautaire, y compris à la santé, au logement, à l’éducation, à la jeunesse, au développement social et aux programmes qui améliorent la qualité de vie et le mieux-être communautaire.

Nous nous joignons à l’appel lancé pour le changement structurel plutôt qu’à de petites modifications. Les réformes essentielles ci-dessous sont des exemples et ne constituent pas une liste exhaustive. Elle représente plutôt une approche holistique de lutte contre le racisme et l’oppression pour un changement en profondeur :

  • Éliminer les sentences minimales obligatoires
  • Éliminer les infractions prévues au Code criminel opprimant des groupes particuliers
  • Décriminaliser la pauvreté, la santé mentale et la dépendance
  • Mettre en œuvre des changements fondés sur des preuves et envisager des modèles de justice réparatrice
  • Professionnaliser et démilitariser les corps policiers et réaffecter les fonds aux services communautaires
  • Changer la méthode de nomination des membres des conseils de supervision pour qu’ils soient représentatifs de la communauté, et imposer une formation sur la gouvernance
  • Remplacer les policiers armés par d’autres premiers intervenants pour les interventions liées aux problèmes de santé mentale, de dépendance, d’itinérance et de discipline scolaire
  • Mettre fin aux demandes d’identification et détruire les données ainsi collectées
  • Suspendre tous les achats d’armes par les corps policiers jusqu’à ce que les budgets aient été rendus publics et passés en revue
  • Cesser la remise d’amendes injustifiées aux personnes sans abri ou handicapées ainsi que leur surveillance
  • Mettre fin au programme d’agents ressources dans les écoles pour tous les conseils scolaires
  • Mettre immédiatement fin au groupement par aptitudes en 9eannée ainsi qu’à tout groupement par aptitude non officiel dès la maternelle
  • Collecter des données sur la race ainsi que sur d’autres indicateurs sociaux à des fins d’analyse des politiques, de planification et de responsabilisation (respect des obligations en matière d’utilisation et de conservation des données)

L’heure du changement a sonné. Et il doit être profond.